Dimanche 20 juillet
Départ pour Roissy avec Mickaël comme chauffeur. Notre avion pour Shanghai décolle à 21h20.
A l’aéroport, nous devons imprimer nos billets et nos étiquettes pour les bagages. Ça colle comme de la glu, il faut bien viser car les parties à assembler ne sont pas très larges. Bref, Christophe s’en occupe et comme il ne fait pas dans la dentelle, je ne vous dis pas le résultat !
Au moment de s’enregistrer, l’hôtesse nous demande si nous sommes au courant du "retard" ?
Non, quel retard ?
L’avion devrait décoller vers 23h30 au lieu de 21h20.
Je comprends mieux pourquoi on nous a remis un bon de 8 euros pour manger et pour s’excuser des désagréments. Nous n’avons rien vu et rien compris (en fait la compagnie devait nous prévenir, on attend toujours l’information)
Vol très classe jusqu’à Shanghai avec China Eastern airlines, un repas et un petit déjeuner extras, des films divers et variés par contre une climatisation glaciale.
Arrivés à Shanghai vers 18h (il y a 6 heures en plus), nous avons cherché notre deuxième vol pour Phnom Penh.
Très compliqué ! L’aéroport est une gigantesque ligne droite, les hôtesses et personnels de renseignements ne sont pas très aimables ni très au courant de ce qui se passe dans leur aéroport !
A chaque question posée, un gros soupir en réponse et quelques vagues explications. Impossible de savoir à quelle heure partait notre avion. Peut-être à 20h (comme prévu), peut-être à 21h ????
Quelle porte ? Au début départ gate 29, à un bout de l’aéroport, finalement c’est à la gate 135 à l’autre bout de l’aéroport !
Une fois dans l’avion, nettement plus petit et moins chic que le premier, nous avons mangé et mal dormi. Nous sommes arrivés à Phnom Penh vers 1h30 du matin (la nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet).
Et là, le bouquet ! Je n’ai pas retrouvé ma valise...
Que du matériel me direz-vous, oui mais il y avait quelques petites bricoles auxquelles je tenais et surtout une partie des médicaments utiles au Cambodge.
Bon, nous avons déclaré cette perte et moi, très triste je n’avais pas trop le moral. Un conducteur de tuk tuk nous attendait (le pauvre était là depuis 22h) pour nous conduire à l’hôtel Europe, rue 136.
A Phnom Penh, les rues sont numérotées et ne portent pas de nom
Rigolo, le tuk tuk sous une pluie battante ! Imaginez une mobylette sur laquelle est accrochée une espèce de charrette, avec un toit, des banquettes en vis à vis et pour le mauvais temps, des bâches comme pour une remorque de camion.
Nous n’avons pas mis les bâches pour profiter du paysage de nuit et de la pluie ! Trente minutes plus tard (7 dollars la course), nous étions dans notre chambre sans fenêtre sur l’extérieur mais avec la clim !
Mardi 22 juillet
Réveil vers 14h30, nous avons dormi comme des loirs et il pleut des cordes. It’s raining cats and dogs !
D’abord il faut acheter un plastique pour se protéger car ici, la pluie, c’est quelque chose ! Comme au Vietnam, lourde et chaude.
On traine un peu dans la rue 136, histoire de se familiariser avec le lieu, puis Christophe me propose d’aller déjeuner au ’’On the Corner’’ face à la rivière Tonlé Sap. Christophe mange de l’Amok, plat khmer servi avec un mélange d’épices étonnantes dans un bol de feuille de bananier. Je me contente d’un peu de riz et d’un délicieux pancake bananes.
Puis balade au marché central pour m’acheter des tongs. Sur le chemin nous découvrons une chouette boutique vintage ’’Madame’’. Christophe choisit une chemise à manches longues pour les moustiques, et moi un petit haut, une robe et un pantalon. Comme je n’ai plus de valise...
Repos à l’hôtel Europe.
Dîner au Chiang Mai Riverside sur le quai du Tonlé Sap, bière Tiger, curry bananes ’’Local Khmer Feast’’ et curry khmer ’’Kaeng Masman’’, le tout très bon.
Que des touristes ou presque dans ce petit resto conseillé par le Routard.
Mercredi 23 juillet
Nous avons rencontré le propriétaire de l’hôtel Europe, Seng, très sympathique, qui a vécu en France et qui parle notre langue à la perfection.
Il a téléphoné à l’aéroport et là miracle ! Ma valise avait été retrouvée.
Nous partons en tuk tuk pour la récupérer, une heure aller/retour pour 9 dollars.
Ici tout se paie en dollars et souvent les commercants nous rendent la monnaie en riels, la monnaie locale.
La course en tuk tuk décoiffe, du vent, des carburants dans le nez, des motos, des voitures, des vélos... Il ne fait pas trop chaud, c’est plutôt agréable.
Soupe et poulet aux noix de cajou au Chang Mai Riverside et sieste pour finir.
Requinqués nous partons déambuler et nous perdre dans les ruelles de notre quartier ’’Quai Sisowath/Palais royal.
Nous visitons la pagode ’’Wat Ounalom’’ (un monastère presque entièrement rasé par les khmers rouges). Nous passons près de la cour de justice et arrivons au Palais royal. Une grande place sans véhicule, uniquement pour les piétons et les milliers de pigeons qui envahissent même les toitures.
La pagode :
Le palais royal :
Balade en jonque sur le Mekong pendant une heure. Belle arnaque pour le prix, 18 dollars pour deux alors que 10 auraient suffi.
Un coucher de soleil sur le Mekong c’est beau mais c’est court (5mn)
Um passager clandestin :
Retour à l’hôtel et illico presto nous voilà partis à la recherche du restaurant ’’An Nam’’. On ne l’a pas trouvé ou bien il a disparu ?
Le deuxième le ’’Pleasure’’, pas trouvé non plus ! Le troisième ’’The Shop’’ par contre était fermé.
Après deux heures de marche nous avons finalement soupé au ’’Shang Mai’’ notre valeur sûre.
Jeudi 24 juillet
P’tit déj au ’’Blue Pumpkin’’ composé d’oeufs brouillés, de bacon grillé, d’un super bon café, de deux petites tomates cuites et de deux tartines beurrées. Miam...
Nous déposons notre linge sale dans une landry, 1 dollar le kilo.
Moins d’une heure de marche pour nous rendre au musée des Beaux Arts (le musée national) que nous visitons avec un guide parlant francais (6dollars pour le guide et 5/personne pour l’entrée). Des pièces essentielles d’archéologie y sont conservées et exposées, des chefs-d’œuvre de l’art khmer.
Le musée a été créé en 1905
En 1917, Albert Sarraut gouverneur général de l’Indochine charge George Groslier, artiste peintre, de mener une étude sur la ’’situation des arts Cambodgiens’’. G. Groslier propose un programme de rénovation des arts incluant la création d’un nouveau musée du Cambodge et d’une école d’art.
1970, début de la guerre civile
1975/79, régime des khmers rouges, fermeture du musée.
1979/91, réouverture du musée.
C’est un bâtiment de terre cuite rouge, composé de quatre parties, au toit orné de naga (cobras mythiques) qui mêle les styles asiatique et colonial. Dans quatre salles, plus de 5000 objets datant du IV au XIII ème siècle. Une superbe collection d’art préangkorien et angkorien.
Des statues de Bouddha, debout, couché, assis, de Ganesh, de Vishnou, des frontons, des colonnes ciselées, des lingas, des yonis, des bijoux des objets rituels et usuels...
À l’extérieur un jardin, au centre une statue de Bouddha, quatre bassins répartis tout autour et les quatre bâtiments qui ferment cet espace végétal.
Repas au "Khmer Saravan", une bonne noodle soup chacun et une petite arnaque d’un "bonze chinois marron" qui nous a pris 7$. On n’osait pas dire non par respect !
Christophe lui donne 1$, le bonze lui montre son bol en lui faisant comprendre que ce n’était pas assez. Christophe lui donne à nouveau 1$, avec son bol le bonze montre un billet de 5$ dans le porte monnaie de Christophe qui lui donne sans réagir ! Je n’ai pas réagi non plus ! Le prochain on lui prend ses billets dans son bol !!! (it’s a jok).
L’après midi visite "City tour" en tuk tuk pour 8$. La pagode "Wat Phnom", elle se trouve en haut d’une petite colline artificielle haute de 30 m et pour y accéder il faut grimper de nombreuses marches.
Nous n’avons pas envie de bouger du tuk tuk, Nous y retournerons au mois d’août à notre retour à Phnom Penh.
Le "Russan Market", un marché vieillot et bondé avec toutes sortes de trucs, des tissus, des bijoux en argent, des fausses antiquités, de la quincaillerie, des pièces de moto, des vêtements, des chaussures, des sacs, des gargotes à l’intérieur et à l’extérieur...
Images de différents marchés :
Vues du tuk tuk
Sur le retour une roue du tuk tuk fait beaucoup de bruit, elle est sur le point de se détacher, nous décidons de finir à pied.
Nous longeons le quai Sisowath pour admirer le Mékong, les pêcheurs. Une promenade bien agréable.
En passant par le petit marché près de l’hôtel, nous achetons des bananes appelées "des doigts", car elles sont petites, très sucrées et parfumées.
Douche à l’hôtel et tartinage d’insecticide jusqu’aux oreilles pour sortir car au coucher du soleil gare aux moustiques...
Nous partons pour le "cyber shop" pour écrire nos aventures sur notre site Cambodge 2014, nous y restons jusque 22h. Le temps n’existe plus face à un écran.
Nous cherchons un endroit pour manger, il est tard et à Phnom Penh les restaurants ferment tôt !
Finalement c’est au "On the Corner" que nous avalons deux draft beer, un porc curry un rice chiken.
Vendredi 25 juillet
Régime sec pour moi aujourd’hui, pendant que Christophe testait le porc grillé je me suis gavée de soupe hier et elle me reste sur l’estomac.
Nous partons pour le musée du génocide, le musée "Tuol Sleng" (S21).
On nous a dit qu’il fallait vraiment y aller pour ne pas oublier les atrocités commises par le régime de Pol Pot et de ses compères. Tuol Sleng ou S21 est l’ancien centre de détention du régime khmer rouge. Cet ancien lycée, construit par les français devient d’avril 1975 à janvier 1979, la prison la plus terrifiante du Cambodge des khmers rouges. 15 000 personnes y passent subissant les pires tortures avant d’être achevées dans le camp d’extermination de Choeung Ek (à 14 km de Phnom Penh).
Femmes, hommes, enfants, bébés éliminés comme supposés opposants au régime des khmers rouges. Pour les khmers rouges, tous les intellectuels étaient à " exterminer".
Éprouvant et cauchemardesque cette visite. Un des bâtiment du lycée servait de salle d’interrogatoire (de torture). Un deuxième à été transformé en mémorial avec des centaines de portraits photographiques figés des victimes. Les khmers rouge avaient la manie de l’archivage, ils photographiaient et fichaient toutes les victimes : au début, vivantes et à la fin, mortes.
Pour les khmers rouges il s’agissait d’éliminer les "ennemis de la révolution".
Un troisième bâtiment est composé de minuscules cellules construites à la hâte, en briques au rez de chaussée et en bois à l’étage. Angoissant et oppressant. Les barbelés des balcons servaient à empêcher les suicides.
Enfin le dernier bâtiment a ete transformé en salle d’exposition (les cellules ont été enlevées). On peut y voir des peintures réalisées par Vann Nath ( l’un des sept survivants du S21) illustrant les différentes tortures.
Aussi des plans des migrations forcées, des charniers, des crânes...
Au premier étage, des juxtapositions d’anciennes et de récentes Photographies de jeunes khmers rouges (dont d’anciens employés du camp).
Au deuxième, une exposition de photos de victimes, légendées de témoignages biographiques par de proches survivants et classées par catégories sociales.
Et aussi des photographies des leaders khmers rouges comme celui de Kaing Guek Eav, alias Douch, le tortionnaire en chef du complexe de Tuol Sleng.
La bureaucratie Khmer rouge a pris soin de garder des traces à propos de chaque personne arrêtée, photographies, procès verbaux des interrogatoires, fiches signalétiques au sujet de la personne et de sa famille. Plusieurs salles sont consacrées a ces photographies de femmes, d’hommes et d’enfants.
Des panneaux expliquent qui etaient les leaders et leurs fonctions.
Quelques liens au sujet de leurs procès :
- Un article du monde : lien
- Sur Wikipedia
- Un blog : http://proceskhmersrouges.net/
Des témoignages de prisonniers des Khmers rouges dont celui d’un Francais :
- Francois BIZOT (2000). Le portail. Préface de John Le Carré. Ed La table ronde. Un témoignage exceptionnel où l’auteur articule la description d’une expérience douloureuse et une analyse politique de cette période qui pose la question du silence assourdissant des occidentaux pourtant informés. Où l’on comprend le rôle des Américains dans l’installation de ce régime et celui des Vietnamiems à plusieurs moments du conflit.
- Chum MEY (2012). Le survivant. Centre de documentation du Cambodge, n18.
- Huy VANNAK (2010). Bou MENG, a survivor from Khmer rouge prison S-21. The documentation center of Cambodia.
Au moment de notre voyage deux des plus hauts anciens responsables Khmers Rouges Nuon Chea et Khieu Samphan viennent d’etre condamnes a la prison a perpetuite (lien).
Le pays reste toutefois de pouvoir profiter d’un fonctionnement democratique, l’opposition est muselee et les manifestation des ouviers exploites dans les usines textiles se font tirer dessus a balles reelle.
Retour en tuk tuk pour déjeuner au "Shanghai Mai". Sieste et deux heures de travail sur les ordinateurs pour continuer le site sur notre voyage au Cambodge. Dîner au "Khmer Saravan", balade sur la croisette Sisowath. À l’hôtel Europe, nous préparons nos bagages pour le voyage du lendemain.
Vues de notre chambre d’hotel
Juste en face de notre chambre un ouvrier travaille au 4eme etage, sans protection particuliere,
Et quand il se met debout sur une poutre en béton de 30 cm de large, on se demande si c’est bien raisonnable...
Des plats que nous avons decouverts et aimés
Morning Glory :
Amok :
Et le petit compagnon de toutes les soirées :
Depart pour Siem Reap et Angkor (suite)
Lucien (avec la casquette) retrouve l’oncle Louis à Saïgon en avril 1952 lors d’une permission.
Quand l’oncle a quitté la marine en 1947 il s’est rendu au Cambodge avec la tante et André, direction la brousse pour remettre en marche une usine de traitement de riz, sabotée par les Japonais pendant la guerre. J’ai oublié le nom du bled. Par la suite ils sont venus à Phnom-Penh où l’oncle travailla comme responsable technique de la Cie de Navigation Denis Frères dont l’activité se situait sur le Fleuve. Nouveau déplacement ensuite à Saïgon, pour la même Cie comme directeur technique, car il y avait du trafic maritime plus important avec les cargos. Ils sont rentrés en France en 1952 après que je prenne le direction du Japon, via Hong-kong, pour atterrir à Yokohama pour 13 mois de carénage de mon Navire Atelier "Jules Verne" payé par le Japon (dette de guerre), un peuple charmant. L’oncle Louis avait embarqué sur le même navire 20 ans avant moi. J’ai eu la chance tout de même d’avoir pu sortir de Saïgon pour des rencontres de Basket contre des équipes militaires et civiles. Dans ce dernier cas nous étions accompagnés d’homme armés (douce ambiance). J’ai aussi pu aller à Phnom-Penh voir l’oncle Louis et tante Jeanne, avant leur retour à Saïgon, et toujours dans une voiture avec un homme en arme.
Louis et sa famille son rentrés en France, sans quitter la société de navigation Denis Frères, qui cessait son activité au Viet-nam pour s’installer à Dunkerque. Je reviens sur leur séjour en brousse dans la rizerie de "Pré-kek " nom retrouvé mais pas l’orthographe ni la situation géographique pour le moment.
Lucien, Août 2012