Patricia d’Isola 🟢 Christophe Le François 🟡 Documentation

• ART-RÉSEAUX

lundi 1er janvier 2007, par clf

Art-Réseaux est un groupe de recherche implanté à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne qui a été actif de 1988 à 1992 sous l’impulsion de Karen 0’Rourke.

Ce groupe s’est intéressé aux pratiques artistiques développées dans les réseaux utilisant des technologies de duplication et de diffusion : téléphonie, slow-scan, télécopie, photographies, photocopies et les premiers ordinateur familiaux.

Son activité reposait sur la création de protocoles d’échange et de modification de documents lors de rendez-vous internationaux programmés. Chaque mise en œuvre se développait sous la forme d’une performance collaborative et déterritorialisée, les participant-es utilisant les règles proposées (ou non) pour conduire un dialogue visuel.

Cette activité a permis de poser un ensemble de problèmes à explorer : en quoi ces technologies modifiaient-elles le travail artistique, la nature convenue de l’œuvre et le statut de l’artiste solitaire ? Quelles nouvelles possibilités s’ouvraient en termes d’autonomie pour les artistes ? Les pratiques de duplication et de diffusion se transformaient-elles ? Quelles pouvaient être les conditions d’existence d’une œuvre formée par un collectif dispersé ? Que faire des traces collectées ? Quels liens établir entre œuvre et document ?

Un ensemble de questions qui continuent d’accompagner la généralisation du numérique et les transformations qu’il provoque.






Image réalisée par des auteurs multiples dans le cadre d’échanges visuels entre différents participants géographiquement dispersés lors de l’événement Art’s Birthday : International Festival of Communications Art (Hank Bull, Western Front), Vancouver, Canada, janvier 1991

Parmi l’ensemble des éléments qui la composent, on reconnaît des fragments d’images de presse relatives à la guerre du Golf.


D’abord reliés par les lignes téléphoniques et des télécopieurs, les protagonistes se communiquent des documents selon un protocole défini. Chacun des documents reçus devient matière pour être utilisé, copié, collé... et entrer dans la composition d’un nouveau document qui se duplique ensuite dans les réseaux.

Des dialogues visuels s’établissent : tel document télécopié réapparaît soudain combiné avec du texte et d’autres images. Remanié à nouveau et relancé dans le réseau il disparaît pour partie ou revient d’un autre côté du monde dans une nouvelle configuration.

Seules quelques traces poétiques éparpillées subsistent de ces actions d’échange et d’écriture, au cours desquelles se mêlaient la recherche de formes plastiques appropriées, l’exploration des possibles technologiques, et les questions politiques associées à l’actualité ; traces archivées parfois.

D’autres technologies seront également utilisées à cette époque tels que le slow-scan ou le minitel. Elles seront toutes relayées par l’usage des ordinateurs connectés à Internet.

La possibilité d’explorer artistiquement le potentiel des réseaux numériques s’ouvre alors. C’est ce qui sera amorcé dans une seconde phase de l’activité du groupe.





ART-RÉSEAUX se développe à partir de 1988, avec christophe le françois, isabelle millet, delphine notteau, karen o’rourke qui a initié le groupe, gilbertto prado, michel suret-canale et sous formes de collaborations avec patricia d’isola, marie-dominique wicker et marie-paule cassagne.

De très nombreux artistes français et étranger participeront à ces activités (voir l’ouvrage ART-RÉSEAUX, éd. du CERAP pp 184-185).

Le groupe poursuivra ses activités jusqu’au début des années 1990 où la généralisation de l’ordinateur et l’accès à Internet provoqueront une rupture technologique et génèreront de nouveaux champs à explorer : le réseau, la collaboration, le partage, le développement d’outils qui automatisent les procédures, l’instrumentalisation, la gestion d’archives, la place du spectateur, la reproduction et la diffusion de l’œuvre, la question du partenariat avec les structures culturelles, ou encore les liens avec le politique et le social.

Une esthétique de la communication et de la duplication liée au numérique s’amorce, qui contamine l’ensemble des réseaux sociaux actuels, et influence dès lors jusqu’aux pratiques culturelles les plus intimes.



Un ouvrage collectif relatif au projet ART-RÉSEAUX regroupe différents textes d’analyse, des descriptifs de projets et de nombreux visuels :

O’ ROURKE K. (1992) (Dir.). ART-RÉSEAUX, Éditions du CERAP, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. ISBN n° 2-9506594-O-3

Voir également la bibliographie jointe.



Réalisation, envoi et réception de documents à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne au cours d’un RDV d’échange : sur la photo Claudine Roméo, Christophe Le François et Gilbertto Prado. Photographie : Karen O’Rourke



EXPOSITIONS

  • 1992
    • Art-Réseaux. Galerie Bernanos, Paris
  • 1991
    • Machines à communiquer, Cité des Sciences et de l’Industrie, Paris
    • Reflux (Arthur MATUCK), XXI biennale Internationale de Sao Paulo, Brésil
    • Faxelastico (Eduardo KAC), Museu de Arte Moderna, Rio de Janeiro, Brésil
    • Fake News (Mathias FUSCHS, Robert ADRIAN), Museum in progress, Vienne, Autriche
    • Texts, bombs and videotape (DAX GROUP), Center of arts, Pittsburgh, USA
  • 1990
    • City-portraits, galerie Donguy Paris
    • Ecole d’arts plastiques, Rosny-sous-Bois
    • galerie d’art de UNICAMP, Campinas, Sao Paulo, Brésil
    • Faculdade Santa Marcelina, Sao Paulo, Brésil

PARTICIPATION

  • 1991
    • La lettre à Rimbaud (JC Anglade, G. Pelé), Grande Halle de la Villette
    • Artefax : graphies d’Europe (Vincent Vasseur), Amiens
    • Transports (Liliane Terrier), Saint-Denis
    • O teatro do cotidiano (FIT-TELEART), Campinas, Bresil
    • Art’s birthday, International Festival of Communications Art (Hank Bull, Western Front), Vancouver, Canada
  • 1990
    • Earth day impromptu (Eduardo Kac), Chicago, USA
    • La Ciudad / Escrituras, IIIe biennale Internationale de poésie visuelle, Mexico
    • Entrée / Sortie (Mathias Fuchs), ORF Wien "Kunstradio", Autriche
    • Manufaxtura (JC Anglade, P. Dupuis, S. Hänsgen et al.) People to people, Prague, Czechoslovakie.
  • 1989
    • Rencontre internationale de technoculture (CETECH) Université de Paris Dauphine
    • L’Europe des créateurs : utopies 89. Art planète / FR3 (Nathan Karczmar), Grand Palis, Paris
    • Project GAIA (Roy Ascott) Ars Electronica, Linz Autriche

BIBLIOGRAPHIE

  • ANDRINOTTI M. (1990). Nos infinitos horizontes da arte fax. Diaro do Povo, Campinas, Brésil.
  • BOISSIER, J.-L. (1991). Machines à communiquer faites œuvres. In SFETZ, L. La communication. Paris, PUF, pp. 218-237.
  • BUREAUD A., MAGNAN N. (2002). CONNEXIONS art réseaux média. Paris : ENSBA, guide de l’étudiant, p. 266.
  • HUSER F. (1990). Ces images qu’on téléphone. Le Nouvel Observateur n°1329.
  • Intercommunication Center, Art and Technoscience Directory 1994, CD-ROM, Tokyo
  • KAC Eduardo (2002), Aspects de l’esthétique communicationnelle, In Siggraph Visual Proceedings, John Grimes & Gray Lorig (ed.) New York : ACM, 1992 pp. 47-57. Extraits. ConneXions : Art, Réseaux, Media. Édition établie par Annick Bureaud et Nathalie Magnan (Paris : École nationale supérieure des beaux-arts, 2002), pp. 253-269.. Première édition in SiSIGGRAPHisual Proceedings, John Grimes and Gray Lorig, Editors (New York : ACM, 1992), pp. 47-57. Texte complet en ligne.
  • KANAL (1990). Guide des arts électroniques. Paris
  • KISSELEVA O. (2000). CYBERART, un essai sur l’art du dialogue. L’Harmattan, Paris, pp.134-137
  • LAURENTIZ P. (1990). Faxarte 89/90. Wellcomet Boletim, Encarte n°11. Campinas, Bresil.
  • LE FRANCOIS C. (1997), De l’oeuvre à l’objet-document, l’influence américaine. Publié sous le titre « Da Obra au Objeto-Documento, A influêncio Americana » (1998). CADERNOS DA PÓS-GRADUACÀO, Instituto de Artes/unicamp, Ano 2, Volume 2, n°1
  • MARTINELLI, P. (1989). Artefax Rompe fronteiras e muda o conceito de criaçao. Diario do povo, caderno viver. Campinas Bresil.
  • MATUCK, A. (1989). Artefax no Brasil. Lornal da tarde, caderno de sabado. Sao Paulo, Bresil.
  • PRADO G (1989) Wikipédia
  • O’ROURKE K. (1994). Art, réseaux, télécommunications. Mutations de l’image : Art Cinéma/ Vidéo/ Ordinateur (Maria Klonaris et Katerina Thomadaki ; dir) Paris, Astarti, pp.52-57 et p.90.
  • O’ROURKE K. (1991). City portraits : an experience in the interactive transmission of imagination. Leonardo vol 24 n°2 pp. 215-219. Berkeley, USA.
  • O’ROURKE K. (1990). Notes on Fax-Art. New-observations n°76. New York, pp.24-25.
  • POPPER F. (1993). L’art à l’âge électronique. Paris, Hazan
  • SPERANZA C. (1991). Transmit. 92, Basking Ridge, NJ, USA.



Différents participants ont prolongé leur réflexion au sujet de l’usage des nouvelles technologies et de l’exploration de nouvelles configurations artistiques :

¬ Karen O’ROURKE s’intéresse aux parcours interculturels, ainsi qu’aux systèmes narratifs et émergents. Elle est Professeure Émérite à l’Université de Saint-Etienne.

https://karenorourke.wordpress.com



¬ Gilbertto PRADO coordonne le Groupe Poéticas Digitais, créé en 2002 au Département d’Arts Plastiques de l’Université de Sao Paulo avec l’intention de générer un dialogue multidisciplinaire, promouvant le développement de projets expérimentaux et la réflexion sur l’impact des nouvelles technologies dans le domaine des arts au travers de dispositifs hybrides.

www.gilberttoprado.net
Wikipédia
http://poeticasdigitais.wordpress.com/



¬ Christophe LE FRANÇOIS s’intéresse à la manière dont les nouvelles technologies altèrent les pratiques traditionnelles et les pratiques collectives, pour générer de nouveaux comportements et de nouvelles formes artistiques. Il enseigne à l’Université Paris Est Créteil.

www.christophelefrancois.net

INFEST un projet développé lors de l’exposition Machine à Communiquer, à la Cité des Sciences et de l’Industrie (1991)

BASE de DONNÉES MOBILE

De l’œuvre à l’objet document, l’influence américaine




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